Plus belle la vie – Une
réussite à la française
C'est le 30 août 2004
que Plus belle la vie (que j'appellerai PBLV par souci pratique) a
débarqué sur France 3. Même si peu de monde s'en rappelle, les
débuts de la série furent difficiles. Mais France 3 s'était engagé
à ne pas sacrifier ce nouveau programme sur l'autel de l'audience,
et laissa donc la série trouver son public.
Il est vrai qu'au départ,
les sujets abordés étaient amenés plus maladroitement, et il
fallait construire la personnalité des principaux personnages. La
saison 1 sera toutefois marquée par un des « grands méchants »
de la série qui reviendra dans la saison 3 : le docteur Livia.
Au fil des ans, PBLV
aborde des sujets de société divers et variés : l'homosexualité,
(et même la bisexualité au travers du personnage de Céline), les
sans-papiers, le viol, le SIDA, la prostitution...
De plus, la série est
diffusée en France «en temps réel », l'épisode du 24
décembre nous montrera systématiquement le réveillon au Mistral,
et il en est ainsi pour tout le reste. Cela permet de toujours se
situer dans le temps et rend les personnages plus proches du public
car, fait rare dans une série, leurs anniversaires par exemple
tomberont toujours le même jour tous les ans, ce qui n'est pas si
évident dans un programme télé !
Bien sur, PBLV n'est pas
une série parfaite, je ne vais pas le nier, ce n'est pas non plus la
meilleure série du monde, mais, je l'avoue et je l'assume
parfaitement, j'aime la suivre au quotidien, alors, pourquoi ?
- Ce rendez-vous, après une bonne journée de travail, ça me détend, on regarde le programme à 2, et ce petit côté rituel est rassurant.
- Après tant d'années à suivre ce programme, je ne peux que constater que les histoires sont en général bien construites et intéressantes, même si parfois il y a des baisses de régime. L'avantage est que si l'arc narratif principal en cours ne m'attire pas plus que ça, il y a toujours une histoire secondaire plus légère qui me plaira.
- Oui, bien sur, ce quartier connait un nombre impressionnant de meurtres et d'évènements peu agréables, mais c'est aussi le cas à Wisteria Lane, ou encore à Sunnydale (sinon Buffy n'aurait plus de travail en même temps).
- Je constate aussi un effort certain au niveau des jeux de caméra ou mises en scène, les changements de scène sont beaucoup plus fluides qu'au départ, et l'utilisation de ralentis ou de scènes alternatives servent l'histoire à bon escient.
- Pour finir, mon meilleur argument reste que dans les séries françaises passant sur une chaine non cryptée, PBLV est un bon exemple, certes perfectible, mais qui n'est pas si mauvais que certains le prétendent. C'est une série populaire, qui se veut un maximum grand public, je ne lui demande pas de prétendre à plus, pour moi, elle remplit son rôle principal : me divertir.
A côté de tous ces
arguments, je peux aussi ajouter que PBLV mélange allègrement
plusieurs genres narratifs, on suit aussi bien des intrigues
policières, parfois même politiques, et il y a aussi eu du
fantastique. Tout cela se fait sans jugement et sans parti pris, car
les personnages principaux sont bien définis : en effet, on sait
parfaitement que Mirta est plutôt de droite et catholique
pratiquante, tandis que Blanche est plutôt de gauche et dans une
tendance un peu bobo. Les personnages se construisent au fil du temps
et évoluent : Boher, de flic plutôt raciste finit par épouser
Samia, issue des quartiers nords de Marseille et qui devient elle
aussi policier après beaucoup d'hésitations. Vincent, qui était
plutôt intègre et sympa au départ, devient de plus en plus cynique
et sa relation avec sa fille Ninon se détériore, lorsqu'il doit
fêter ses 50 ans, il s'aperçoit alors que le seul ami qui lui reste
est Guillaume et il commence à regretter ses attitudes passées.
Blanche, qui est quelqu'un de droit finit par coucher avec le mari de
sa fille et perd totalement la confiance de celle-ci... Ainsi vont
les histoires des personnages du Mistral, tout comme dans toute vie
ordinaire, on se brouille, on se réconcilie, on tombe amoureux, on
se trompe, on se sépare...
Le cas le plus douloureux
qui fut évoqué dans PBLV est sans conteste Adriana, peu épargnée
par les scénaristes elle apparaît d'abord comme une femme battue
par son mari, puis elle trouve l'amour avec Guillaume qui la trompe
avec Luna, et enfin, alors que tout semblait à nouveau lui sourire,
elle est atteinte d'un cancer du foie dont elle décède. On pourra
dire tout ce que l'on voudra sur PBLV, j'ai trouvé le traitement de
ce délicat sujet qui touche trop de personnes, pudique et bien
choisi. Il aurait été facile pour les scénaristes de donner une
fin heureuse à cette histoire, au lieu de cela, ils ont choisi de
montrer la difficulté de sa situation : comment annoncer la nouvelle
à ses proches ? À qui confier sa fille ? Que faire de sa vie alors
qu'on se sait condamnée ?
En conclusion, car cet
article pourrait être encore plus long, je dirais que PBLV est une
série qui sous couvert d'être populaire aborde beaucoup de thèmes
importants et qu'elle s'adresse à un public de tous les âges. Je
comprends qu'elle ait ses détracteurs, mais en tant qu'amatrice de
« bonnes séries », je ne considère pas PBLV comme
dépourvue de qualités, bien au contraire, ce qui est populaire
n'est pas forcément idiot...
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